Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/01/2014

Ann Packer

9782020813488.gifAnn Packer, Un amour de jeunesse (Coll. Points/Seuil, 2005)

 

Ce livre, extrêmement attachant, raconte l’histoire d’une jeune femme dont le fiancé est victime d’un terrible accident qui va remettre en question toute son existence. Elle va découvrir que son amour n’est peut-être plus vivant, que sa vie réglée comme une horloge dans un petit village du Wisconsin avec ses parents, ses amis, son travail, ne lui suffisent plus. Elle partira donc pour New York, s’épanouira dans le milieu artistique de Chelsea où elle connaîtra un nouvel amour et qui sait, le bonheur. malgré le remords qui la hante : A-t-on le droit d’abandonner celui auquel on a voué sa vie en pleine détresse ? Il y a aussi – en dépit du sujet – de l’humour et de la légèreté dans  ce roman sensible qui répond à des interrogations plutôt modernes.

 

Hier encore tout à fait inconnu, ce premier roman d'Ann Packer traduit en langue française est un bonheur de lecture communiqué de bouche à oreille, jusqu’au succès considérable qu’il connaît aujourd'hui, malgré une presse discrète. Sans doute cela s’explique-t-il par son héroïne, proche de nous, de même que sa famille ou les autres personnages de ce roman bouleversant.

00:02 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

11/01/2014

Domnica Radulescu

9782714444608.gifDomnica Radulescu. Un train pour Trieste (Belfond, 2010)

Lyrique, poignant, incandescent, un premier roman émouvant qui brosse, à travers l'odyssée d'une adolescente de Bucarest jusqu'à la lointaine Amérique, un bouleversant portrait de femme en quête d'identité et de liberté. Roumanie, 1977. Mona, impulsive gamine de dix-sept ans, aime Mihai. Mais, autour d'eux, le monde sombre et l'étau de la dictature chaque jour plus insupportable. La police secrète guette à caque coin de rue, et Mona vit dans l'angoisse que la machine à écrire de son père dissident ne soit découverte, cachée dans le four. Ou pire, comme le lui suggèrent ses amis, que Mihai lui-même fasse partie de la Securitate... Alors, pressée par ses parents, Mona va devoir fuir. Munie d'un passeport obtenu à la sauvette, elle réussit à prendre le fameux train pour Trieste. Seule, terrifiée, sans avoir pu dire au revoir à Mihai...

Ce roman mêle avec beaucoup de crédibilité le premier amour de Mona - une jeune roumaine de 17 ans - avec le mystérieux Mihai, et sa soif de liberté dans un climat de terreur, au temps de Ceausescu. Elle s'enfuit à Trieste avant de s'établir à Chicago, mais bien des années plus tard, elle revient au pays pour traquer la vérité sur Mihai qu'elle n'a jamais oublié. Sur le thème de la trahison et de l'exil, l'auteur nous convie avec beaucoup d'émotion, d'intensité, de conviction, à croiser son destin.

00:00 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

10/01/2014

Sam Savage

9782742783489.gifSam Savage, Firmin - Autobiographie d'un grignoteur de livres (Actes Sud, 2009)

S’il est un seul livre vraiment jubilatoire qui mérite de trôner aux devantures des librairies, c’est bien celui de Firmin, rat difforme, insouciant et désespéré à ses heures qui, de grignoteur boulimique de livres, devient au contact de Norman puis de Jerry, lecteur érudit. S’inventant une destinée peu ordinaire entre réalité et fiction, il se prend au fil de ses découvertes, pour Moby Dick, Anne Frank ou Hamlet. Comme nous, n’est-ce pas ? Mais ce roman est bien plus qu’un voyage à travers les livres. Ballade nostalgique dans un quartier en voie d’extinction, quelque part entre Pembroke Books et le Casino Theater, il est aussi un reflet de notre époque pour ceux qui ne tolèrent pas la différence ou éprouvent un rejet devant ce miroir qui pourrait les révéler à eux-mêmes.

Egalement disponible en coll. Babel (Actes Sud, 2010)

05:32 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

07/01/2014

Anne Serre

debutants.jpgAnne Serre, Débutants (Mercure de France, 2011)

La vie réserve parfois des surprises, agréables et douloureuses à la fois, pour Thomas et Anna, impossibles pour Guillaume, le mari de cette dernière depuis vingt ans. Leur couple ne voguait pas à la dérive: leur amour encore à vif, le désir tel un signe visible de leur union heureuse. Pourtant, leur histoire se lézarde, comme une mécanique trop bien huilée ne suscitant plus l'étonnement, la folie: Elle avait toujours cru qu'ils parlaient la même langue. Or, elle commence à comprendre: lorsqu'il dit aimer il veut dire être amoureux, plein de désir et d'émoi. Elle, non. Lorsqu'elle dit aimer elle veut dire englober ou être à l'intérieur de l'autre, le connaître dans presque toutes ses nuances, se sentir pleinement heureux avec lui. 

Un roman léger et délicat sur le coup de foudre, sur le vieillissement et l'amour éprouvé envers deux hommes dont l'un - le malheureux Guillaume - s'excluera de lui-même, muré dans son incompréhension, son entêtement, sa possessivité. Une approche du sentiment amoureux célébré comme une liberté à deux qui préfère la brûlure de l'imprévu à un bonheur trop bien orchestré. Etre jeune dans le regard de l'autre, n'est-ce pas le bien le plus précieux au monde?    

également en format de poche (coll. Folio/Gallimard, 2013)

10:02 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

02/01/2014

Catherine O'Flynn

9782742782802.gifCatherine O'Flynn, Ce qui était perdu (Jacqueline Chambon, 2009)

 

Le personnage principal de ce roman est peut-être bien Green Oaks, un centre commercial nouvelle génération de Birmingham où se retrouvent les paumés, les désoeuvrés, les malheureux qui viennent y tromper leur ennui ou attendent la fin du week-end : Mais c’est ça la vie, non ? Perdre son temps jusqu’à ce qu’on meure. C’est tout ce qu’on peut faire … Pourtant, dans cette tour de verre, Kurt et Lisa, à la recherche d’une petite fille disparue, surmonteront leurs blessures intimes. Malgré une vision assez désenchantée de la vie fragilisée par la douleur, les non-dits ou la perte, Catherine O’Flynn nous réserve quelques morceaux d’anthologie d’humour noir, avec les délires verbaux de Crawford, manager de Young Music – ses craintes de l’inspection générale ou ses cours de management – ainsi qu’une tendresse particulière pour ces promeneurs éphémères d’un univers cacophonique et glacé. Premier roman.

 

 publié dans Le Passe Muraille no 80 - décembre 2009

07:18 Écrit par Claude Amstutz dans Le Passe Muraille, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

12/12/2013

Yves Navarre

littérature; roman; livresYves Navarre, Le jardin d'acclimatation (Editions H&O, 2009)

Après Le coeur qui cogne et Je vis où je m'attache, Yves Navarre revient une fois encore aux liens familiaux, mais cette fois-ci sous forme d'un sauvage réquisitoire contre la bourgeoisie: sa respectabilité, son hypocrisie, sa lâcheté. Car parmi les quatre enfants du père Henri Prouillan, ancien ministre du Général, se cache une infamie, un homosexuel qui, mineur, détournait du droit chemin un ami de la famille, le critique Romain Leval. Alors le ministre fait son devoir: il pousse le critique au suicide et fait opérer son fils d'une lobotomie. Qui donc est coupable? N'ont-ils ont pas tous laissé faire, la mère, les enfants, la fidèle Bernadette, la tante et son mari Jean, l'ami de Romain? Vingt ans plus tard, ils se retrouvent... Ce roman terrible, servi par une écriture classique - c'est un compliment - a vraiment mérité le prix Goncourt ... en 1980!

04:31 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Yves Navarre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

12/11/2013

François Mauriac

9782253002925.gifFrançois Mauriac, Genitrix (Coll. Livre de poche, 1967)

 

Mathilde Cazenave morte, sa belle-mère jubile; elle va pouvoir reconquérir totalement son fils bien-aimé. Félicité a tort de se réjouir trop vite car sur le visage apaisé de la jeune morte, Fernand entrevoit ce qu'aurait pu être le bonheur avec Mathilde. Qui l'a empêché de s'entendre avec elle sinon sa mère? Vieil enfant égoïste et gâté, il se retourne alors contre cette genitrix coupable de l'avoir trop choyé. Défaite temporaire dont François Mauriac analyse les phases avec une lucidité sans complaisance dans ce roman âpre et poignant. L’un des plus beaux romans de Mauriac! L’histoire de Fernand, en porte à faux entre sa mère dominatrice et son épouse sur le point de mourir, partageant leur vie sous un même toit, baigne dans une atmosphère plus cruelle que dans Le noeud de vipères et moins désespérée que dans Le sagouin, et le style éblouissant de Génitrix séduit comme au jour de sa parution!

08:50 Écrit par Claude Amstutz dans François Mauriac, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

29/10/2013

Véronique Olmi

9782246668718.gifVéronique Olmi, Sa passion (Grasset, 2007)

La rupture amoureuse – thème central de ce court roman – qui broie les cœurs et les corps, retire à Hélène sa raison de vivre, mais éprise d’absolu, saura-t-elle vivre le deuil de sa passion sans détruire ce qui l’a émue, épanouie, révélée à elle-même ? Prise dans un étau entre désir et raison, elle traversera les affres de la jalousie, de la possessivité, de la rancœur, avant de trouver la voie qui la libérera de sa prison. Au passage, une subtile évocation des milieux littéraires et de la famille d’Hélène.

également en format de poche (Livre de poche/LGF, 2008)

05:54 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

26/10/2013

Marie-Hélène Lafon

9782283023488.gifMarie-Hélène Lafon, L'annonce (Buchet-Chastel, 2009)

Eric savait par coeur certaines annonces choisies, Célibataire quarante-quatre ans un mètre soixante-sept soixante-neuf kilos sans enfants chauffeur agriculteur cherche jeune femme aimant campagne voulant fonder un foyer heureux désirant enfants ; ou encore, Cherche compagne cinquante soixante-deux ans féminine (bien bustée) sans attaches pour vie alternée Paris campagne. Paul, quarante-six ans, paysan à Fridières, Cantal, ne veut pas finir seul. Annette, trente-sept ans, vit à Bailleul dans le Nord avec son fils. Elle n'a jamais eu de vrai métier. Elle a aimé Didier, le père d'Eric, mais ça n'a servi à rien. Elle doit s'en aller. Recommencer ailleurs. Elle répond à l'annonce que Paul a passée... 

Avec des mots aussi rugueux et chaleureux que ces paysages du Cantal, Marie-Hélène Lafon vous invite pour une saison à la campagne. Vous y ferez la rencontre de Paul, célibataire de 46 ans et d’Annette, 37 ans, mère d’Eric. Tout résonne avec justesse dans cette jolie histoire d’amour qui se découvre et s’épanouit au rythme lent de la terre. Vous l’adorerez !

également disponible en coll. de poche (Folio/Gallimrd, 2011)

06:26 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

21/10/2013

Chloe Hooper

Bloc-Notes, 21 octobre / Les Saules

Chloe Hooper.jpg

Fiançailles, le troisième livre de Chloe Hooper traduit en langue française, se décline en trois journées, autour desquelles Liese Campbell, employée dans une agence immobilière en Australie, venue d'Angleterre, accepte l'invitation d'Alexander Colquhoun, un client de l'agence: passer un week-end prolongé avec lui, rémunéré par ce dernier et lui permettant de réduire ses dettes, avant de s'en retourner au pays. Une relation trouble qui, nous apprend Liese, a été ébauchée par des jeux érotiques avec ce même Alexandre - rémunérés eux aussi - au gré d'appartements visités avec lui, dans le cadre de son travail. 

Présenté ainsi en quelques lignes, les mauvaises langues diront que c'est le scénario idéal d'un roman érotique à la mode de Erika Leonard James qui, dans ce registre, connaît un immense succès en librairie. Or, il n'en est rien, et les amateurs du genre auront déboursé 23 euros en pure perte. Au contraire, la comparaison avec les meilleurs romans de Patricia Highsmith - dont Ce mal étrange, proche de Fiançailles par son atmosphère - est beaucoup plus pertinente.

Un jeu de rôle seulement, entre Liese qui s'invente un passé sulfureux, et Alexandre qui lui offre une bague de fiançailles, au cours de ces trois jours? Pas sûr, car au-delà d'une attirance sexuelle réciproque, Chloe Hooper nous tend le miroir trompeur de l'imaginaire capable d'inspirer les mécanismes souterrains du désir: un pouvoir qui transcende le réel mais peut de même s'abîmer dans le malaise ou l'effroi, quand la mythologie devient plus plausible que la réalité et que le jeu se substitue à la vraie vie

Est-ce que tout le monde a une pièce privée dans sa tête? On y entre et on ferme la porte derrière soi. Il peut se passer n'importe quoi, personne ne vous voit. Vous pouvez faire ce que vous voulez, et même le refaire; vous pouvez passer la scène au ralenti ou en accéléré jusqu'à ce que chaque seconde se mette à rayonner, comme électrifiée...

Au fil de ce récit où Liese semble perdre ses repères, entre une vérité trompeuse et une fantaisie plus vraie que nature, une correspondance anonyme adressée à Alexandre, apprend à ce dernier les épisodes les plus embarrassants de son passé de... prostituée. Qui donc la connaît à ce point et veut lui nuire? A moins qu'Alexandre en soit inexplicablement l'auteur, ravi que, fou d'amour pour elle, il puisse endosser l'habit du rédempteur magnanime qui l'arrache à sa vie de débauche? J'étais dans la pièce qui se trouvait à l'intérieur de sa tête et lui il avait fermé la porte à clé.

Construit tel un roman policier, le suspense est entretenu jusqu'à la dernière partie de Fiançailles où, lors d'un repas devant sceller leur union, apparaît Annabel, la soeur d'Alexandre, la réminiscence de la mère aimée - morte, peut-être? - et l'étrange révérend Graeme Smythe. Au cours de cette fête, le conte un peu pervers échafaudé par Liese et Alexandre volera en éclats. Fini de jouer! pourrait-on dire, mais pour lequel de ces deux protagonistes? Vous le découvrirez en lisant cette histoire insolite qui baigne dans une ambiance où s'insinue progressivement un sentiment aigu de claustrophobie: Chaque fois que je me retournais, j'avais l'impression que quelque chose se déplaçait à la périphérie de mon champ de vision. C'était un mélange entre la poussière et l'idée de me savoir prise au piège de cet endroit, là où la maison était la plus froide et la plus humide. Je ne pouvais le supporter et je m'agitais comme un oiseau qui vient se cogner aux vitres alors qu'il essaie de sortir.

Le titre original en langue anglaise - The Engagement - joue mieux que le titre français sur l'ambiguïté de la relation entre Liese et Alexandre: S'engager y signifie se fiancer bien sûr, mais aussi exécuter un travail, combattre quelque chose ou quelqu'un, louer les services d'une personne, concrétiser une promesse, Fiançailles étant tout cela, à la fois, même si, en filigrane, il met crûment en évidence le manque d'amour, au nom duquel la raison n'a pas nécessairement le dernier mot.

De Chloe Hooper, australienne née en 1973, ont déjà paru auprès du même éditeur, Un vrai crime pour livre d'enfant (un roman, en 2002) et Grand homme (un essai, en 2009).

Chloe Hooper, Fiançailles (Bourgois, 2013)

traduit de l'anglais (Australie) par Florence Cabaret

Patricia Highsmith, Ce mal étrange (coll. Livre de poche/LGF, 2000)

Erika Leonard James, Cinquante nuances de Grey (Lattès, 2012)

18:00 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |